Publié le 6 juil. 2020 à 18h31Mis à jour le 6 juil. 2020 à 18h38
Premiers signes d’amélioration sur le marché des crédits immobiliers. La Banque de France a publié lundi ses chiffres pour le mois de mai et fait état d’une baisse des taux qui avaient grimpé pendant le confinement : 1,25 %, contre 1,31 % en avril et 1,19% en mars. Les encours mensuels ont augmenté de 7,2 milliards d’euros après deux mois de quasi-stabilité. Une hausse sans précédent depuis mai 2011.
« La baisse de régime était due au fait que les banques traitaient en priorité les dossiers en cours, et non plus les nouvelles demandes », indique Sandrine Allonier, du courtier Vousfinancer. Les effets du confinement ont aussi joué. « La charge mentale liée au Covid-19 a empêché les clients d’entamer des opérations, ils les ont mises en attente », observe le directeur du courtier BoursedesCrédits, Arsalain El-Kessir.
La prudence est de mise
Malgré ces chiffres encourageants, les acteurs du marché restent sur leurs gardes. D’une part parce que la production de nouveaux crédits à l’habitat (21,1 milliards d’euros en mai) est soutenue par les renégociations de prêts, à hauteur de 32 % en mai contre 47 % en avril. Hors renégociations, les taux ont en fait légèrement augmenté entre avril et mai, passant de 1,16 à 1,17 %.
D’autre part, car la crainte d’une récession et d’une vague de licenciements à la rentrée plane sur le marché. « Il y a toujours un pic saisonnier en mai sur le marché des crédits immobiliers. On aura la vérité à partir de la mi-septembre ou d’octobre et je pense qu’elle sera moins belle », redoute Arsalain El-Kessir. La durée d’une opération immobilière se situant entre 3 et 5 mois, les chiffres de la Banque de France sont d’autant plus à prendre avec précaution, estime-t-il.
Le début d’année avait déjà donné un avant-goût du durcissement des critères d’octroi des banques à la suite des recommandations du Haut Conseil de stabilité financière (HCSF). « Les banques sont plus sélectives et financent essentiellement desbeaux profils, explique Sandrine Allonier. C’est probablement la forte concurrence entre les banques autour de ces profils qui a fait évoluer les taux à la baisse… et à la hausse pour les autres ».
Un avis que partage Arsalain El-Kessir : « Il est devenu plus compliqué de devenir propriétaire pour les primo-accédants qui ont un faible apport, même s’ils sont solvables. » D’après une étude de Century 21 parue lundi, l’apport personnel pour financer l’acquisition d’un bien immobilier en France représente désormais près de 10 % de la valeur totale du bien contre à peine 3 % début 2019.
Lueur d’espoir
L’effet rattrapage de mai semble s’être confirmé en juin avec un niveau de demandes de prêts équivalent à celui d’avant-confinement. « Les deux mois de confinement seront peut-être compensés d’ici à la fin de l’année », espère Sandrine Allonier.
Autre facteur : les objectifs annuels des banques. « Le crédit immobilier est le produit d’appel des banques donc il n’y aura pas d’augmentation des taux sur les durées inférieures à 20 ans, considère Arsalain El-Kessir. De plus, les banques ont besoin de rattraper leurs objectifs, même révisés. Il n’est donc pas impossible que les taux diminuent à nouveau sur ces durées. »
Source : les echos